« Le numérique, c'est fascinant » : rencontre avec Marine Berthier, prix de la femme du numérique du concours Ingénieuses

Le 16 mai 2024, la Fondation Inria remettait pour la première fois le prix de la femme du numérique à Marine Berthier, élève-ingénieure en mathématiques appliquées à l’Ensta Paris. Décerné dans le cadre du concours Ingénieuses, porté par la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (Cdefi), ce nouveau prix dont la fondation est partenaire vient récompenser une élève ou femme ingénieure démontrant un parcours remarquable dans le numérique, secteur dans lequel les femmes sont encore largement sous-représentées. Portrait de Marine Berthier, inspirante première lauréate du prix de la femme du numérique.

9 juillet 2024 / mis à jour le 12 juillet 2024

Tu es élève-ingénieure en 3e année en mathématiques appliquées à l’Ensta Paris et tu suis depuis la rentrée 2023 un double diplôme en data sciences à l’Institut royal de technologie de Suède. Quels choix t’ont menée à ces études ?

J’ai toujours aimé les maths ! C’est pourquoi au lycée, j’ai choisi la filière scientifique (mathématiques, physique et SVT) puis, en suivant les conseils de mes professeurs, j’ai intégré une classe préparatoire MPSI (mathématiques, physique et sciences de l’ingénieur) après mon bac. Je savais avec ce choix que j’allais acquérir de nombreuses connaissances et que cela allait m’ouvrir des portes pour la suite de mon parcours professionnel. Dès ma première année de prépa, j’ai par ailleurs choisi l’option « informatique ».  

J’ai ensuite intégré l’Ensta en optant pour la majeure en mathématiques appliquées et la spécialité data sciences. C’est ce choix qui marque véritablement le début de ma spécialisation dans le numérique. J’ai été attirée par ce domaine en constatant l’importance croissante de l’IA dans divers secteurs, notamment en médecine et dans le domaine de l’environnement.  

Quels freins ou obstacles as-tu rencontrés dans ton parcours ? 

Ma deuxième année de prépa a été difficile. D’abord, en tant que l’une des cinq seules filles de la classe, je me sentais isolée et étrangère au groupe. Je me suis souvent demandé ce que je faisais là, me sentant comme un ovni parmi mes camarades.  

Aussi, avec du recul, je regrette de ne pas avoir choisi la majeure informatique au lieu des mathématiques appliquées en deuxième année. Je ne me projetais pas encore avec certitude dans cette spécialité et j’avais l’impression de ne pas avoir le niveau en programmation par rapport à des passionné·es parmi mes camarades de classe. Je ne me sentais pas à la hauteur. De plus, je tenais à prioriser mes hobbies qui me prenaient peut-être trop de temps et d’énergie à cette période de mes études. Heureusement, j’ai pris les mesures nécessaires et j’ai réussi à rattraper mon retard grâce aux cours de « computer science » et d’IA que je suivais. Il m’a fallu ainsi quelques mois pour trouver ma place mais j’ai réussi et je ne regrette pas de m’être accrochée !

Tu t’engages activement au sein de ton école et d’associations en faveur de l’égalité hommes-femmes dans l’ingénierie et le numérique, et contre les violences sexistes et sexuelles (VSS). Quel est ton moteur ? 

En arrivant à l’Ensta, j’ai pris conscience des problèmes liés à un environnement majoritairement masculin dans le domaine des sciences ainsi que des discriminations que les femmes subissent au quotidien. Nombreuses sont celles qui aujourd’hui ne choisissent pas une carrière scientifique par manque d’information ou parce qu’elles pensent que c’est hors de leur portée. Pendant longtemps, elles étaient plutôt cantonnées aux tâches domestiques, à la maternité et aux soins. Le système patriarcal leur faisait croire que c’était leur seule place et les seules choses dont elles étaient capables. Ce constat m’a poussée à vouloir changer le système et les mentalités, afin que les hommes prennent conscience de leurs privilèges et les femmes des possibilités de carrière offertes par les cursus scientifiques.

 

« Le numérique, c’est fascinant. Cela vaut totalement le coup de se renseigner et de choisir des études avec cette spécialité ! Vous allez y arriver, forcément, sans aucun doute. Vous allez pouvoir faire de belles choses. »

De quel projet es-tu la plus fière ?

S’il faut choisir, je crois que la mise en place d’interventions dans des classes de collèges et lycées du Bas-Rhin pour faire découvrir les métiers de l’ingénierie est un des projets dont je suis la plus fière. Quand j’étais collégienne, je ne savais pas ce qu’il y avait derrière le métier d’ingénieur et mes camarades non plus. C’est pourquoi, avec une amie, nous avons décidé d’intervenir dans des établissements scolaires pour parler des femmes dans les sciences, de l’effet Matilda et des différentes facettes du métier d’ingénieur. Notre objectif est d’encourager les jeunes filles à se projeter dans des carrières scientifiques, de leur montrer des exemples de femmes qui ont marqué la science et de sensibiliser à l’importance de la présence des femmes dans ces domaines. Lorsqu’on demande aux élèves s’ils connaissent le métier d’ingénieur, ce sont majoritairement les garçons qui répondent. Ou bien si on pose la question : « Est-ce que vous connaissez des femmes scientifiques à part Marie Curie ? », il n’y a aucune proposition ! Ces interventions nous ont permis de réaliser à quel point certains stéréotypes étaient profondément ancrés et de mieux comprendre les mécanismes de discrimination envers les femmes dans les domaines scientifiques.

Être lauréate du prix de la femme du numérique m’a motivée à continuer mes interventions dans les classes en les orientant davantage vers le numérique. Nous essayons de leur donner des exemples pour leur montrer l’importance de la diversité dans les projets numériques, en particulier dans le domaine de l’IA. Un bon exemple est le cas de la reconnaissance faciale qui reconnait mieux les hommes blancs que les femmes noires car ces programmes ont été entrainés par des hommes blancs.

Je vais également poursuivre mes engagements en faveur de l’égalité hommes-femmes. À l’Ensta, je suis référente VSS au sein de l’association féministe SisTA. Par exemple, nous avons travaillé sur la manière de traiter et de lutter contre ces violences, notamment en soirée. Nous avons également contribué à l’élaboration de la « Charte inter-école du plateau de Saclay de protection contre les violences sexuelles et sexistes » afin d’uniformiser les pratiques de sécurité et créer un environnement sûr et serein pour chacun et chacune. Ces problématiques de sécurité concernent tout le monde, pas seulement les femmes. 

Un mot de la fin pour les jeunes filles qui se posent des questions sur les carrières dans le numérique ?

Il y a tellement de possibilités avec les études d’ingénieur et du numérique ! Les applications de l’IA sont partout, que ce soit dans la lutte contre le réchauffement climatique ou le progrès médical ou social par exemple. Le numérique et l’IA s’appliquent à tellement de domaines qu’il y a forcément une spécialité qui va vous plaire. Je ne sais pas comment mieux l’expliquer : le numérique, c’est fascinant. Cela vaut totalement le coup de se renseigner et de choisir des études avec cette spécialité ! Vous allez y arriver, forcément, sans aucun doute. Vous allez pouvoir faire de belles choses.

Concours Ingénieuses 2024 : la Fondation Inria remet le prix de la femme du numérique 

La 14e édition de l’opération Ingénieuses, menée par la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (Cdefi) et lancée le 23 janvier dernier, a de nouveau mis en lumière les efforts des écoles d’ingénieur·e·s pour favoriser la mixité dans les sciences et technologies ainsi que des modèles inspirants de femmes et d’élèves ingénieures. 

21 mai 2024 / mis à jour le 9 juillet 2024

Ce 16 mai 2024 s’est tenue la Cérémonie de remise des prix de l’opération Ingénieuses, avec l’intervention en clôture d’Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations. 

L’opération Ingénieuses initiée en 2011 par la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (Cdefi) veut contribuer à rendre les formations et métiers d’ingénieur·e·s plus mixtes et égalitaires entre les genres. Les écoles françaises d’ingénieur·e·s ainsi que toutes les femmes et élèves-ingénieures sont invitées à participer au concours afin de tenter de remporter un des dix prix en jeu

Cette édition 2024 a été marquée à son lancement en janvier dernier par la création, en partenariat avec la fondation Inria et dans le cadre de la participation de la Cdefi au programme TechPourToutes, du prix de la femme du numérique. Un prix décerné à l’une des candidates élève ou femme ingénieure démontrant un parcours particulièrement inspirant dans le numérique, secteur dans lequel les femmes sont fortement sous-représentées. Il a été remis par Bruno Sportisse, PDG d’Inria et président de la fondation Inria, à Marine Berthier, élève-ingénieure en mathématiques appliquées à l’Ensta Paris.

La création de ce prix est un événement hautement symbolique pour nous, puisqu’il accompagne la mise sur orbite de TechPourToutes dans une parfaite symbiose des calendriers. En tant que partenaire de l’opération Ingénieuses et chef de file du programme TechPourToutes, la fondation Inria a à cœur de créer une vraie dynamique autour de cette récompense en promouvant largement ce prix et en invitant un maximum d’étudiantes et de femmes ingénieures à y candidater.

Au total, ce sont dix prix qui ont été attribués .

Cinq prix aux écoles, d’une valeur de 500 euros chacun :  

  • Le prix du projet le plus original décerné à l’ISEP, pour son engagement dans le « Pacte FEMMES & IA – Pour une intelligence artificielle responsable et non-sexiste ». Porté par le Cercle InterElles dont il bénéficie de l’expertise, ce pacte a pour vocation de promouvoir et accompagner les organisations dans leur transition vers une IA responsable et non-sexiste à travers l’intégration de sept principes fondamentaux liés aux questions d’organisation, de ressources humaines et techniques. Dans ce cadre, l’ISEP a participé à la création d’un module pilote de sensibilisation aux biais de genre dans l’IA à destination des étudiants et des utilisateurs du numérique afin de les former aux enjeux de mixité, de diversité et d’égalité des genres dans le numérique.
  • Le prix de l’école la plus mobilisée décerné à l’IMT Mines Alès & IMT Mines Albi, pour leur projet « Exception’Elles ». Ce dispositif lancé en 2021 encourage l’entrepreneuriat chez les étudiantes ingénieures et promeut le leadership au féminin. Au programme : un weekend de bootcamp avec des ateliers, des jeux collaboratifs et des temps de réflexion, et un programme de marrainage auprès de cheffes d’entreprise. 
  • Le prix de l’engagement étudiant décerné à Polytech Annecy-Chambéry, pour le projet « Ingénieure Au Féminin ». Association étudiante qui vise à promouvoir les métiers de l’ingénierie auprès des lycéennes, collégiennes et élèves de primaire, Ingénieure Au Féminin déploie ses actions tout au long de l’année : interventions en établissements scolaires, organisation de tables rondes autour de la place des femmes dans les métiers de l’ingénierie, témoignages de rôles modèles étudiants…  
  • Le prix spécial du jury décerné à l’ESTACA ; pour son projet « Vulgarisation scientifique auprès des enfants ». Porté par l’association étudiante PEGASE, ce projet d’éveil aux activités scientifiques à destination des élèves de primaire propose des interventions hebdomadaires en école animées par des étudiant·e·s dans l’objectif de donner le goût des sciences aux enfants et susciter des vocations scientifiques, en particulier auprès des filles. Chaque année, pendant 12 séances, ils et elles montent et animent ainsi un projet de découverte et de création scientifique auprès d’une classe. Chaque classe expose à la fin de l’année son projet à l’occasion de l’Exposition PEGASE.  
  • Le prix du jury lycéen décerné à Junia ISA – Lille, pour son projet « Portraits de femmes scientifiques – Mission Chronos ».  La Mission Chronos est une séance d’histoire des sciences sous la forme d’une aventure immersive de 3 heures, au cours de laquelle des étudiant·e·s résolvent des énigmes pour retracer les contributions de grandes femmes scientifiques de renom. L’objectif est de les sensibiliser au manque de représentation féminine dans l’histoire des sciences et d’encourager la réflexion sur l’impact des stéréotypes de genre et l’importance de la diversité dans les disciplines scientifiques. 

Deux prix de l’élève-ingénieure (France et Afrique du Nord), co-créés avec l’Agence universitaire de la Francophonie, d’une valeur respective de 1 000 euros et 500 euros (et un séjour à Paris pour assister à la cérémonie) :  

  • le prix de l’élève-ingénieure France a été décerné à madame Fannie BICHEMIN, élève-ingénieure en électronique à l’ENSEA. Elle se distingue par son engagement pour l’inclusion et l’égalité des genres au sein de son école ou d’associations. En tant que trésorière du Bureau de la Solidarité de son école et responsable du pôle ENSEActiv’, Fannie a notamment mis en place de nombreuses actions de sensibilisation aux discriminations et à l’égalité des genres dans le monde professionnel. Son leadership et son engagement se manifestent également dans l’association robotique de son école ou encore dans la gestion d’une cafétéria étudiante.  
  • Le prix de l’élève-ingénieure Afrique du Nord a été décerné à madame Fatima ZAHRAE ES-SAIDI, étudiante en 2e année de cycle préparatoire à l’ENSA de Fès. Passionnée d’innovation et de technologie, elle est engagée dans l’autonomisation des jeunes filles dans les domaines des STEM à travers son implication dans l’initiative TechGirls. Parallèlement, elle crée des ressources spécifiques – ebook, podcast articles – visant à encourager les femmes dans ces domaines. Entrepreneure dans l’âme, elle développe également sa propre start-up alliant ingénierie et marketing digital, tout en travaillant sur un projet de plateforme de réalité virtuelle immersive pour sensibiliser les jeunes aux métiers de l’ingénierie.

Deux prix de la femme ingénieure, d’une valeur de 500 euros chacun :  

  • le prix de la femme ingénieure senior a été décerné à madame Léna HARIKIOPOULOS-CORDOVA, diplômée de Centrale Nantes, actuellement fondatrice, présidente et ingénieure-consultante chez Consequally, un cabinet de conseil et de formation spécialisé dans la promotion de l’égalité professionnelle et le développement d’une culture inclusive dans les secteurs à prédominance masculine tels que la construction, l’ingénierie, les mobilités et l’énergie. Actrice engagée, elle intervient dans de nombreuses associations et projets pour promouvoir l’égalité, la mixité et l’inclusion des femmes dans les milieux des STEM, de l’entrepreneuriat ou encore du BTP. Elle intervient notamment en tant que mentor auprès de l’École centrale de Nantes, STEM4ALL et de l’association La puissance du lien. 
  • Et le prix de la femme ingénieure junior a été décerné à madame Mylène TAHAR, diplômée de Bordeaux INP – ENSEIRB-MATMECA, actuellement consultante indépendante en égalité professionnelle. Passionnée, elle met ses compétences au service de la promotion de la parité femmes-hommes dans le secteur de la technologie. Son objectif est de créer des environnements de travail inclusifs et performants, où chacun peut s’épanouir et contribuer pleinement à la réussite des projets, notamment à travers des ateliers de formation et de sensibilisation ludiques et collaboratifs. 

Un prix de la femme du numérique, créé en partenariat avec la fondation Inria, d’une valeur de 500 euros a été décerné à madame Marine BERTHIER, élève-ingénieure en mathématiques appliquées à l’ENSTA Paris. Classée parmi les cinq meilleurs de sa promotion en data science dès sa première année, elle poursuit actuellement son parcours académique en suivant un double diplôme avec l’Institut royal de technologie de Suède KTH. Présidente de l’association féministe SisTA, elle s’engage activement pour la sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles et pour encourager les jeunes filles à s’intéresser aux carrières scientifiques.  

Avec 221 candidatures reçues (55 projets menés par 49 écoles et campus, 80 élèves-ingénieures, 19 élèves-ingénieures Afrique du Nord et 67 femmes ingénieures), cette édition 2024 du concours Ingénieuses est un réel succès que la fondation Inria s’engage à amplifier au fil des prochaines années en contribuant à valoriser l’opération au sein d’Inria et de ses équipes, auprès de ses ingénieures, étudiantes ou en poste. 

Focus sur les nominées  

Les écoles nominées sont : 

  • l’ESTACA, pour son projet « Vulgarisation scientifique auprès des enfants » ; 
  • le groupe IMT, pour son projet « Programme AMBASSADRICES » ; 
  • l’IMT Mines Alès et l’IMT Mines Albi, pour leur projet commun « Exception’Elles » ; 
  • l’ISEP, pour son projet « Pacte « FEMMES & IA » – Pour une intelligence artificielle responsable et non-sexiste » ; 
  • JUNIA, pour son projet « Portraits de femmes scientifiques – Mission Chronos » ; 
  • Polytech Annecy-Chambéry, pour son projet « Ingénieure au féminin » ; 
  • Polytech Grenoble, pour son projet « Plan de sensibilisation sur le Harcèlement et les Violences sexistes et sexuelles à l’ensemble des élèves ingénieurs de l’école ». 

Les nominées élèves-ingénieures France sont : 

  • Marine BERTHIER, élève-ingénieure en mathématiques appliquées à l’ENSTA Paris ; 
  • Fannie BICHEMIN, élève-ingénieure en électronique à l’ENSEA ; 
  • Salma GUENNOUNI, élève-ingénieure en mathématiques appliquées à l’ENSTA Paris ; 
  • Leen JETHA, élève-ingénieure en systèmes informatiques pour le transport aérien à l’ENAC. 

Les nominées femmes ingénieures sont : 

  • Floriane GEOFFROY, diplômée de l’INSA Toulouse, ingénieure Cloud chez Air France ; 
  • Léna HARIKIOPOULOS-CORDOVA, diplômée de Centrale Nantes, fondatrice, présidente et ingénieure-consultante chez Consequally ; 
  • Sandrine IMBERT, diplômée de Polytech Nice Sophia, actuellement SOC Vérification et Design for Test Manager chez STMicroelectronics ; 
  • Laure PAGNIEZ, diplômée de l’ECE, actuellement Technical Program Manager for Sovereign Cloud Operations chez Microsoft ; 
  • Mylène TAHAR, diplômée de Bordeaux INP – ENSEIRB-MATMECA, consultante indépendante en égalité professionnelle. 

Le programme TechPourToutes en orbite !

Le 19 juillet dernier, le programme TechPourToutes était lancé à l’occasion d’un webinaire exceptionnel. Réunissant quelque 160 représentant.e.s d’organisations activement engagé.e.s pour la féminisation des filières de formations et métiers du numérique, cette réunion avait pour objectif de leur présenter le programme ainsi que les moyens consentis par l’État pour le mettre en place mais aussi, et surtout, d’inviter l’ensemble des acteurs de l’écosystème à rejoindre TechPourToutes et à participer à son bon déploiement.

24 juillet 2023 / mis à jour le 7 février 2024

Faire (éco)système pour (enfin) faire bouger les lignes

Face à la pénurie critique de talents féminins dans les filières et métiers techniques du numérique en dépit des très nombreuses initiatives pour sensibiliser les jeunes filles à ces métiers d’avenir, le programme TechPourToutes vise à proposer un accompagnement à 360° aux jeunes femmes qui souhaitent commencer ou poursuivre des études supérieures dans le numérique en leur apportant l’ensemble des moyens et ressources qui leur manquent, du lycée jusqu’à leur insertion professionnelle. L’objectif ? 10 000 jeunes femmes accompagnées d’ici à 2026-2027. Un passage à l’échelle extrêmement ambitieux qui repose tout entier sur le front commun que le programme parviendra à créer entre tous les acteurs engagés au service d’une meilleure représentation des femmes dans le numérique.

«Face à l’hyperfragmentation des initiatives qui coexistent aujourd’hui, nous avons la conviction que c’est en faisant écosystème que nous pourrons faire bouger les lignes, tous ensemble.»

Des groupes de travail pour coconstruire et opérationnaliser 

C’est justement pour susciter ce front commun et achever de coconstruire le programme dans toutes ses composantes que la réunion du 19 juillet a donné le coup d’envoi à cinq groupes de travail qui seront installés en septembre 2023. Reposant sur l’implication et l’expertise des acteurs issus du monde académique, de l’entreprise et du monde associatif, ces groupes couvriront cinq thématiques : 

  • Groupe 1 : Formalisation des briques constitutives du programme 
  • Groupe 2 : Arrimage au lycée et sourcing 
  • Groupe 3 : Sourcing dans le supérieur 
  • Groupe 4 : Implication des universités et des écoles 
  • Groupe 5 : Insertion professionnelle 

Vous souhaitez y prendre part ? C’est tout à fait possible ! Il vous suffit pour cela de nous écrire à techpourtoutes@fondation-inria.fr.

Un programme intégré dans le plan Toutes et tous égaux

Déployé dans le cadre du Plan Égalité femmes-hommes du gouvernement « Toutes et tous égaux », le programme TechPourToutes est piloté par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et le ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations. Son animation est confiée à la Fondation Inria, avec le soutien actif de ses partenaires fondateurs Femmes@Numérique, France Universités, la Cdefi et la CGE.

Construit avec l’aide d’un mécénat de compétence de la part d’Accenture, le programme bénéficie également d’un soutien du Groupe La Poste, mécène de la Fondation Inria, et du MESR, qui apporte un soutien institutionnel majeur.

Rejoignez-nous!

Entreprises ou particuliers, soyez vous aussi un acteur de la féminisation de la tech et engagez-vous aux côtés de la Fondation Inria en faveur du programme TechPourToutes. L’équipe de la fondation est à votre écoute pour construire avec vous un projet philanthropique sur-mesure dans le respect de vos ambitions et de vos valeurs.

Associations, collectifs ou institutions, démultipliez votre impact en prenant part à ce programme d’envergure. Vous qui êtes engagés en faveur de la promotion des femmes dans le secteur du numérique ou de l’égalité des chances, aidez-nous à faire bouger les lignes !

Des questions ? Un projet ? Contactez-nous à techpourtoutes@fondation-inria.fr.

[VIDÉO] Réunion de lancement du programme TechPourToutes 

Horizons numériques : rencontre avec Fiona Joseph, coordinatrice-tutrice du Campus connecté Sud Gironde

Ouvrir les « horizons numériques » de nombreux jeunes et moins jeunes, partout en France, telle est l’ambition de la Fondation Inria et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche dans le cadre de leur initiative commune Horizons numériques. Lancée en mars 2022 et adossée au programme « Campus connectés », celle-ci a pour ambition d’offrir, grâce au numérique, de nouvelles perspectives, tant professionnelles que personnelles, aux publics touchés par les fractures territoriales. Rencontre avec Fiona Joseph, coordinatrice-tutrice du Campus connecté Sud Gironde à Saint-Macaire, pour une plongée dans le quotidien du dispositif.

6 octobre 2022 / mis à jour le 4 mai 2023

En tant que coordinatrice-tutrice du Campus connecté Sud Gironde à Saint-Macaire, quelles sont vos activités au quotidien ?

Ma mission consiste à assurer le suivi individuel et collectif des étudiants du campus connecté ainsi qu’à animer et coordonner le dispositif qui est porté par le Pôle Territorial du Sud Gironde, un syndicat mixte auquel adhèrent plusieurs communautés de communes du Sud Gironde.

Au quotidien, mes activités se regroupent en trois catégories. D’une part, les activités portant sur l’accompagnement individuel des étudiants : au cours de mes entretiens individuels avec eux, je leur apporte des conseils d’ordre méthodologique, organisationnel ou encore motivationnel qui concernent aussi bien leur progression pédagogique que leurs démarches d’orientation et d’insertion professionnelle. Je peux aussi me mettre en relation avec leur établissement d’enseignement supérieur pour faciliter des démarches administratives ou le suivi pédagogique. Je peux enfin leur proposer des mises en relation avec des acteurs de l’orientation ou de l’insertion professionnelle actifs en Sud Gironde.

D’autre part, les activités portant sur l’accompagnement collectif et l’animation de la vie étudiante : il s’agit là à la fois de créer et d’entretenir une dynamique de groupe qui soit cohésive, positive et stimulante ; par ailleurs de proposer des ateliers hebdomadaires répondant à des enjeux variés (bien-être, enrichissement culturel, échanges autour d’enjeux sociétaux, développement de compétences transversales, préparation à l’insertion professionnelle, etc.).

Et enfin, les activités de coordination du dispositif qui concernent pour l’essentiel la promotion de celui-ci sur le territoire Sud Gironde et le développement de relations partenariales en lien avec l’animation du campus connecté et le développement de l’offre de formations sur le territoire.

Quels impacts attendre, à terme, des Campus connectés sur votre territoire ?

Le dispositif Campus connectés a pour raison d’être de faciliter l’accès à l’enseignement supérieur ou la formation professionnelle en Sud Gironde, lesquels constituent un tremplin vers l’activité professionnelle – qu’il s’agisse d’une première expérience ou plutôt d’une évolution ou reconversion. Il répond à un besoin du territoire dans la mesure où l’offre de formation de niveau postbac en présentiel est limitée. Par son fonctionnement souple, il répond également aux attentes des étudiants qui, pour la grande majorité d’entre eux, ont un engagement professionnel en dehors de leur formation.

Toutefois, la formation à distance, quelle qu’elle soit, est exigeante et requiert discipline, régularité et persévérance. À travers l’accompagnement individuel et la dynamique de groupe, les étudiants inscrits au campus connecté augmentent leurs chances de valider leur formation. En venant au campus connecté, ils disposent également d’un lieu, d’un équipement bureautique et d’une connexion Internet indispensables à leur progression et à leur réussite. 

Le territoire Sud Gironde envisage de faire évoluer le campus connecté aujourd’hui tout entier situé à Saint-Macaire en un réseau de trois sites répartis sur le territoire. Quels seraient les avantages d’un tel maillage géographique ?

Le dispositif Campus connectés propose un accès à l’enseignement supérieur ou à la formation professionnelle à proximité de chez soi. Le Sud Gironde regroupe plusieurs communautés de communes, il s’agit d’un territoire important en superficie. Certains étudiants ont un temps de transport relativement long pour se rendre dans les locaux du campus connecté ; d’autres peuvent rencontrer des difficultés à se déplacer s’ils ne sont pas véhiculés. Déployer le campus sur plusieurs sites en Sud Gironde permettrait de le rapprocher davantage des résidents et donc de faciliter encore plus l’accès à la formation. Cela permettrait également de renforcer la visibilité et la dynamique du dispositif et enfin d’accentuer son ancrage territorial en envisageant davantage de liens avec le tissu économique local.

Qu’est-ce qui vous a fait vous intéresser au projet Horizons numériques et vous inscrire au groupe de travail mis en place dans le cadre de ce projet ?

J’ai perçu une adéquation forte entre l’initiative Horizons numériques et la finalité du campus connecté Sud Gironde : ouvrir de nouveaux horizons aux résidents du territoire. En apportant à l’équipe de la Fondation Inria un éclairage sur les profils de nos étudiants, j’ai vu une opportunité d’encourager le développement de l’offre de formations dans les domaines du numérique, via des micro-certifications par exemple, et de participer à une réflexion concernant la création de ponts entre formation et emploi autour du numérique. Participer au groupe de travail m’a incitée en effet à mieux comprendre les besoins en compétences numériques des acteurs économiques du territoire et ainsi appréhender autrement la plus-value que représente le déploiement du campus connecté en Sud Gironde.

Propos recueillis par Fernanda Arias Gogin

Crédits photo : Fiona Joseph © GAUTIER DUFAU

Anne-Sophie Barthez (MESR) : « Il faut inciter un maximum d’étudiants à voir le numérique comme une opportunité de carrière. »

Ouvrir les « horizons numériques » de milliers de jeunes et de moins jeunes, partout en France, telle est l’ambition de la Fondation Inria et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR) dans le cadre de leur initiative commune Horizons numériques. Lancée en mars 2022, celle-ci a pour ambition, dans le cadre du programme « Campus connectés », d’ouvrir de nouvelles perspectives, tant professionnelles que personnelles, au plus grand nombre grâce au numérique. Anne-Sophie Barthez, directrice générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle au MESR (DGESIP), nous en dit quelques mots.

15 juin 2022 / mis à jour le 18 mars 2023

Pouvez-vous présenter les Campus connectés et leurs ambitions ?

Les Campus connectés sont des tiers lieux ouverts et conviviaux dans lesquels on peut suivre toutes les formations d’enseignement supérieur à distance et bénéficier d’un accompagnement particulier et spécifique. À tous ces égards, les collectivités territoriales, les universités et les régions académiques jouent un rôle clé.

Il en existe aujourd’hui 88 sur l’ensemble du territoire (métropolitain et ultramarin). Les premiers étudiants qui y sont inscrits y réussissent particulièrement, notamment car, au moins 12h par semaine, ils sont accompagnés par un tuteur qui les conseille, les motive, etc. Ce nouveau modèle de transmission des connaissances nous tient particulièrement à cœur : à nous de les soutenir, de tirer les premiers enseignements de ces campus, d’ajuster ce qui doit l’être et, sans cesse, de s’attacher à ce que l’enseignement supérieur rayonne sur l’ensemble du territoire.

Pourquoi sensibiliser les populations ciblées par les Campus connectés aux opportunités offertes par les formations au numérique ?

Les étudiants accueillis dans les Campus connectés ont une pratique quotidienne du numérique en formation. Ils développent des compétences dans ce qu’on pourrait appeler « apprendre à apprendre avec le numérique », compétences qu’ils pourront mettre en valeur. Cela leur sera utile toute leur vie.

Au-delà de l’usage du numérique, il y a aussi la question de la formation vers les métiers de ce secteur, avec des possibilités d’emploi importantes. Les métiers du numérique ne sont pas que des métiers de cadres supérieurs. Il faut inciter un maximum d’étudiants, à tous les niveaux de formation et sans auto-censure, à voir le numérique comme une opportunité de carrière.

Enfin, il y aussi un public qu’il est essentiel de sensibiliser aux possibilités du numérique : les femmes. 62 % des étudiants des campus connectés sont des étudiantes. Il faut inciter les jeunes femmes à trouver leur place parmi ceux qui pensent et font le numérique de demain.

Qu’attendez-vous du partenariat avec la Fondation Inria ?

Tout d’abord, je remercie la Fondation Inria de s’être intéressée très tôt au dispositif des Campus connectés et d’avoir compris qu’il y avait là de beaux enjeux pour la formation dans les domaines du numérique. Ses équipes ont bien vu qu’avec les Campus connectés il est possible de toucher de nouveaux publics. Identifier des actions pour des publics qui ne sont pas ceux que l’on croise régulièrement, c’est s’obliger à un changement de paradigme, à sortir de sa zone de confort, en quelque sorte. C’est ce que nous faisons avec les Campus connectés et c’est ce qui a attiré la Fondation Inria. Si ce partenariat peut concrètement aider des jeunes à trouver des voies de réussite qu’ils ne pensaient pas possibles, alors nous tiendrons la plus belle des récompenses communes pour la DGESIP (NDLR : Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle au MESR) et la Fondation Inria. Le monde de demain sera évidemment numérique mais je crois qu’il sera aussi un monde du « care » et de l’attention aux autres, notamment dans les services à la personne. Former les jeunes, tous les jeunes, à y trouver leur place est un enjeu sociétal majeur.

Propos recueillis par Fernanda Arias Gogin.

Crédits photo : Mesr-Dgesip / Anne-Sophie Barthez

Favoriser l’accès aux formations au numérique : la Fondation Inria et le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation lancent l’initiative « Horizons numériques »

La Fondation Inria et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR) lancent l’initiative « Horizons numériques ». Son objectif : favoriser l’accès aux formations au numérique proposées par l’enseignement supérieur pour les étudiants éloignés des grands centres urbains. Inscrite dans le programme « Campus connectés », l’initiative « Horizons numériques » vise à en amplifier l’impact en sensibilisant les populations hésitant à reprendre des études, particulièrement dans des filières qui leur semblent inaccessibles, aux opportunités offertes par les formations au numérique.

16 mars 2022 / mis à jour le 18 mars 2023

Les « Campus connectés », un nouveau dispositif de formation à distance

Les « Campus connectés », programme d’envergure nationale lancé par le MESR en 2019, sont des tiers-lieux de l’enseignement supérieur portés par des collectivités locales. Innovants et collaboratifs, complémentaires des établissements universitaires, ils sont destinés à rapprocher l’enseignement supérieur de tous les territoires, en particulier ruraux.

À ce jour, 89 campus sont labellisés sur l’ensemble du territoire métropolitain et ultramarin français, proposant de véritables nouveaux lieux de lien social. Ouverts à tous ceux, jeunes et moins jeunes, qui souhaitent s’engager ou se réengager dans des études, ils offrent la possibilité de suivre une formation du supérieur à distance, dans des conditions favorisant la réussite.

Ouvrir les « horizons numériques », personnels et professionnels, des populations éloignées des centres urbains

Dans un contexte de transformation rapide de nos sociétés, les enjeux de la formation au numérique pour tous, tout au long de la vie, prennent une acuité toute particulière. Aucun secteur d’activité, aucun métier n’échappe à cette mutation de grande ampleur, nécessitant des compétences numériques avancées, de pointe, particulièrement recherchées aujourd’hui. Au-delà des enjeux de recrutement sur des métiers en tension requérant des profils de plus en plus qualifiés, la transformation de la société appelle, pour toutes et tous, des compétences génériques nécessaires dans la vie de tous les jours et pour de très nombreux emplois.

Face à ces enjeux, l’initiative « Horizons numériques » a pour ambition d’ouvrir le champ des possibles, personnels et professionnels, pour tous les jeunes et moins jeunes, postbac ou en reprise d’études, issus des territoires et lieux subissant tout particulièrement l’éloignement géographique et la fracture numérique. Elle s’appuie pour cela sur le dispositif et les outils déjà mis en place dans le cadre des campus connectés et souhaite associer à sa démarche l’ensemble des acteurs et partenaires locaux mobilisés dans cette dynamique (universités, collectivités locales, entreprises…).

« Horizons numériques », des réponses concrètes aux fractures territoriale et numérique

Avec « Horizons numériques », la Fondation Inria et le MESR ambitionnent de :

Sensibiliser

les jeunes et tous les apprenants potentiels des territoires concernés, en particulier les femmes, à la diversité de parcours professionnels qu’ouvre une formation au numérique.

Attirer

davantage de personnes, en particulier les femmes, vers une reprise d’études universitaires dans le large éventail d’alternatives qu’offre le domaine du numérique.

Conseiller et orienter

différents publics vers des formations supérieures en sciences et technologies du numérique, ou vers des formations au numérique dans d’autres contextes disciplinaires.

Motiver

les étudiantes et étudiants des campus connectés inscrits dans des filières numériques à travers des conseils et du soutien de scientifiques.

Développer

l’offre des formations, diplômes et/ou certifications à distance dans les domaines du numérique.

Soutenir

par des bourses et un suivi personnalisé celles et ceux qui, au-delà de leur cursus en campus connectés, se destineraient à un parcours universitaire dans les métiers du numérique.

Créer des ponts

entre formation et emploi autour du numérique en travaillant de manière collaborative en direction des entreprises des territoires, les collectivités et les acteurs concernés.

Crédits photo : Pixels / Kampus Production