Horizons numériques : rencontre avec Fiona Joseph, coordinatrice-tutrice du Campus connecté Sud Gironde

Ouvrir les « horizons numériques » de nombreux jeunes et moins jeunes, partout en France, telle est l’ambition de la Fondation Inria et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche dans le cadre de leur initiative commune Horizons numériques. Lancée en mars 2022 et adossée au programme « Campus connectés », celle-ci a pour ambition d’offrir, grâce au numérique, de nouvelles perspectives, tant professionnelles que personnelles, aux publics touchés par les fractures territoriales. Rencontre avec Fiona Joseph, coordinatrice-tutrice du Campus connecté Sud Gironde à Saint-Macaire, pour une plongée dans le quotidien du dispositif.

6 octobre 2022 / mis à jour le 4 mai 2023

En tant que coordinatrice-tutrice du Campus connecté Sud Gironde à Saint-Macaire, quelles sont vos activités au quotidien ?

Ma mission consiste à assurer le suivi individuel et collectif des étudiants du campus connecté ainsi qu’à animer et coordonner le dispositif qui est porté par le Pôle Territorial du Sud Gironde, un syndicat mixte auquel adhèrent plusieurs communautés de communes du Sud Gironde.

Au quotidien, mes activités se regroupent en trois catégories. D’une part, les activités portant sur l’accompagnement individuel des étudiants : au cours de mes entretiens individuels avec eux, je leur apporte des conseils d’ordre méthodologique, organisationnel ou encore motivationnel qui concernent aussi bien leur progression pédagogique que leurs démarches d’orientation et d’insertion professionnelle. Je peux aussi me mettre en relation avec leur établissement d’enseignement supérieur pour faciliter des démarches administratives ou le suivi pédagogique. Je peux enfin leur proposer des mises en relation avec des acteurs de l’orientation ou de l’insertion professionnelle actifs en Sud Gironde.

D’autre part, les activités portant sur l’accompagnement collectif et l’animation de la vie étudiante : il s’agit là à la fois de créer et d’entretenir une dynamique de groupe qui soit cohésive, positive et stimulante ; par ailleurs de proposer des ateliers hebdomadaires répondant à des enjeux variés (bien-être, enrichissement culturel, échanges autour d’enjeux sociétaux, développement de compétences transversales, préparation à l’insertion professionnelle, etc.).

Et enfin, les activités de coordination du dispositif qui concernent pour l’essentiel la promotion de celui-ci sur le territoire Sud Gironde et le développement de relations partenariales en lien avec l’animation du campus connecté et le développement de l’offre de formations sur le territoire.

Quels impacts attendre, à terme, des Campus connectés sur votre territoire ?

Le dispositif Campus connectés a pour raison d’être de faciliter l’accès à l’enseignement supérieur ou la formation professionnelle en Sud Gironde, lesquels constituent un tremplin vers l’activité professionnelle – qu’il s’agisse d’une première expérience ou plutôt d’une évolution ou reconversion. Il répond à un besoin du territoire dans la mesure où l’offre de formation de niveau postbac en présentiel est limitée. Par son fonctionnement souple, il répond également aux attentes des étudiants qui, pour la grande majorité d’entre eux, ont un engagement professionnel en dehors de leur formation.

Toutefois, la formation à distance, quelle qu’elle soit, est exigeante et requiert discipline, régularité et persévérance. À travers l’accompagnement individuel et la dynamique de groupe, les étudiants inscrits au campus connecté augmentent leurs chances de valider leur formation. En venant au campus connecté, ils disposent également d’un lieu, d’un équipement bureautique et d’une connexion Internet indispensables à leur progression et à leur réussite. 

Le territoire Sud Gironde envisage de faire évoluer le campus connecté aujourd’hui tout entier situé à Saint-Macaire en un réseau de trois sites répartis sur le territoire. Quels seraient les avantages d’un tel maillage géographique ?

Le dispositif Campus connectés propose un accès à l’enseignement supérieur ou à la formation professionnelle à proximité de chez soi. Le Sud Gironde regroupe plusieurs communautés de communes, il s’agit d’un territoire important en superficie. Certains étudiants ont un temps de transport relativement long pour se rendre dans les locaux du campus connecté ; d’autres peuvent rencontrer des difficultés à se déplacer s’ils ne sont pas véhiculés. Déployer le campus sur plusieurs sites en Sud Gironde permettrait de le rapprocher davantage des résidents et donc de faciliter encore plus l’accès à la formation. Cela permettrait également de renforcer la visibilité et la dynamique du dispositif et enfin d’accentuer son ancrage territorial en envisageant davantage de liens avec le tissu économique local.

Qu’est-ce qui vous a fait vous intéresser au projet Horizons numériques et vous inscrire au groupe de travail mis en place dans le cadre de ce projet ?

J’ai perçu une adéquation forte entre l’initiative Horizons numériques et la finalité du campus connecté Sud Gironde : ouvrir de nouveaux horizons aux résidents du territoire. En apportant à l’équipe de la Fondation Inria un éclairage sur les profils de nos étudiants, j’ai vu une opportunité d’encourager le développement de l’offre de formations dans les domaines du numérique, via des micro-certifications par exemple, et de participer à une réflexion concernant la création de ponts entre formation et emploi autour du numérique. Participer au groupe de travail m’a incitée en effet à mieux comprendre les besoins en compétences numériques des acteurs économiques du territoire et ainsi appréhender autrement la plus-value que représente le déploiement du campus connecté en Sud Gironde.

Propos recueillis par Fernanda Arias Gogin

Crédits photo : Fiona Joseph © GAUTIER DUFAU

Anne-Sophie Barthez (MESR) : « Il faut inciter un maximum d’étudiants à voir le numérique comme une opportunité de carrière. »

Ouvrir les « horizons numériques » de milliers de jeunes et de moins jeunes, partout en France, telle est l’ambition de la Fondation Inria et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR) dans le cadre de leur initiative commune Horizons numériques. Lancée en mars 2022, celle-ci a pour ambition, dans le cadre du programme « Campus connectés », d’ouvrir de nouvelles perspectives, tant professionnelles que personnelles, au plus grand nombre grâce au numérique. Anne-Sophie Barthez, directrice générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle au MESR (DGESIP), nous en dit quelques mots.

15 juin 2022 / mis à jour le 18 mars 2023

Pouvez-vous présenter les Campus connectés et leurs ambitions ?

Les Campus connectés sont des tiers lieux ouverts et conviviaux dans lesquels on peut suivre toutes les formations d’enseignement supérieur à distance et bénéficier d’un accompagnement particulier et spécifique. À tous ces égards, les collectivités territoriales, les universités et les régions académiques jouent un rôle clé.

Il en existe aujourd’hui 88 sur l’ensemble du territoire (métropolitain et ultramarin). Les premiers étudiants qui y sont inscrits y réussissent particulièrement, notamment car, au moins 12h par semaine, ils sont accompagnés par un tuteur qui les conseille, les motive, etc. Ce nouveau modèle de transmission des connaissances nous tient particulièrement à cœur : à nous de les soutenir, de tirer les premiers enseignements de ces campus, d’ajuster ce qui doit l’être et, sans cesse, de s’attacher à ce que l’enseignement supérieur rayonne sur l’ensemble du territoire.

Pourquoi sensibiliser les populations ciblées par les Campus connectés aux opportunités offertes par les formations au numérique ?

Les étudiants accueillis dans les Campus connectés ont une pratique quotidienne du numérique en formation. Ils développent des compétences dans ce qu’on pourrait appeler « apprendre à apprendre avec le numérique », compétences qu’ils pourront mettre en valeur. Cela leur sera utile toute leur vie.

Au-delà de l’usage du numérique, il y a aussi la question de la formation vers les métiers de ce secteur, avec des possibilités d’emploi importantes. Les métiers du numérique ne sont pas que des métiers de cadres supérieurs. Il faut inciter un maximum d’étudiants, à tous les niveaux de formation et sans auto-censure, à voir le numérique comme une opportunité de carrière.

Enfin, il y aussi un public qu’il est essentiel de sensibiliser aux possibilités du numérique : les femmes. 62 % des étudiants des campus connectés sont des étudiantes. Il faut inciter les jeunes femmes à trouver leur place parmi ceux qui pensent et font le numérique de demain.

Qu’attendez-vous du partenariat avec la Fondation Inria ?

Tout d’abord, je remercie la Fondation Inria de s’être intéressée très tôt au dispositif des Campus connectés et d’avoir compris qu’il y avait là de beaux enjeux pour la formation dans les domaines du numérique. Ses équipes ont bien vu qu’avec les Campus connectés il est possible de toucher de nouveaux publics. Identifier des actions pour des publics qui ne sont pas ceux que l’on croise régulièrement, c’est s’obliger à un changement de paradigme, à sortir de sa zone de confort, en quelque sorte. C’est ce que nous faisons avec les Campus connectés et c’est ce qui a attiré la Fondation Inria. Si ce partenariat peut concrètement aider des jeunes à trouver des voies de réussite qu’ils ne pensaient pas possibles, alors nous tiendrons la plus belle des récompenses communes pour la DGESIP (NDLR : Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle au MESR) et la Fondation Inria. Le monde de demain sera évidemment numérique mais je crois qu’il sera aussi un monde du « care » et de l’attention aux autres, notamment dans les services à la personne. Former les jeunes, tous les jeunes, à y trouver leur place est un enjeu sociétal majeur.

Propos recueillis par Fernanda Arias Gogin.

Crédits photo : Mesr-Dgesip / Anne-Sophie Barthez

Favoriser l’accès aux formations au numérique : la Fondation Inria et le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation lancent l’initiative « Horizons numériques »

La Fondation Inria et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR) lancent l’initiative « Horizons numériques ». Son objectif : favoriser l’accès aux formations au numérique proposées par l’enseignement supérieur pour les étudiants éloignés des grands centres urbains. Inscrite dans le programme « Campus connectés », l’initiative « Horizons numériques » vise à en amplifier l’impact en sensibilisant les populations hésitant à reprendre des études, particulièrement dans des filières qui leur semblent inaccessibles, aux opportunités offertes par les formations au numérique.

16 mars 2022 / mis à jour le 18 mars 2023

Les « Campus connectés », un nouveau dispositif de formation à distance

Les « Campus connectés », programme d’envergure nationale lancé par le MESR en 2019, sont des tiers-lieux de l’enseignement supérieur portés par des collectivités locales. Innovants et collaboratifs, complémentaires des établissements universitaires, ils sont destinés à rapprocher l’enseignement supérieur de tous les territoires, en particulier ruraux.

À ce jour, 89 campus sont labellisés sur l’ensemble du territoire métropolitain et ultramarin français, proposant de véritables nouveaux lieux de lien social. Ouverts à tous ceux, jeunes et moins jeunes, qui souhaitent s’engager ou se réengager dans des études, ils offrent la possibilité de suivre une formation du supérieur à distance, dans des conditions favorisant la réussite.

Ouvrir les « horizons numériques », personnels et professionnels, des populations éloignées des centres urbains

Dans un contexte de transformation rapide de nos sociétés, les enjeux de la formation au numérique pour tous, tout au long de la vie, prennent une acuité toute particulière. Aucun secteur d’activité, aucun métier n’échappe à cette mutation de grande ampleur, nécessitant des compétences numériques avancées, de pointe, particulièrement recherchées aujourd’hui. Au-delà des enjeux de recrutement sur des métiers en tension requérant des profils de plus en plus qualifiés, la transformation de la société appelle, pour toutes et tous, des compétences génériques nécessaires dans la vie de tous les jours et pour de très nombreux emplois.

Face à ces enjeux, l’initiative « Horizons numériques » a pour ambition d’ouvrir le champ des possibles, personnels et professionnels, pour tous les jeunes et moins jeunes, postbac ou en reprise d’études, issus des territoires et lieux subissant tout particulièrement l’éloignement géographique et la fracture numérique. Elle s’appuie pour cela sur le dispositif et les outils déjà mis en place dans le cadre des campus connectés et souhaite associer à sa démarche l’ensemble des acteurs et partenaires locaux mobilisés dans cette dynamique (universités, collectivités locales, entreprises…).

« Horizons numériques », des réponses concrètes aux fractures territoriale et numérique

Avec « Horizons numériques », la Fondation Inria et le MESR ambitionnent de :

Sensibiliser

les jeunes et tous les apprenants potentiels des territoires concernés, en particulier les femmes, à la diversité de parcours professionnels qu’ouvre une formation au numérique.

Attirer

davantage de personnes, en particulier les femmes, vers une reprise d’études universitaires dans le large éventail d’alternatives qu’offre le domaine du numérique.

Conseiller et orienter

différents publics vers des formations supérieures en sciences et technologies du numérique, ou vers des formations au numérique dans d’autres contextes disciplinaires.

Motiver

les étudiantes et étudiants des campus connectés inscrits dans des filières numériques à travers des conseils et du soutien de scientifiques.

Développer

l’offre des formations, diplômes et/ou certifications à distance dans les domaines du numérique.

Soutenir

par des bourses et un suivi personnalisé celles et ceux qui, au-delà de leur cursus en campus connectés, se destineraient à un parcours universitaire dans les métiers du numérique.

Créer des ponts

entre formation et emploi autour du numérique en travaillant de manière collaborative en direction des entreprises des territoires, les collectivités et les acteurs concernés.

Crédits photo : Pixels / Kampus Production

Modélisation et IA pour améliorer le suivi des cancers : MSD Avenir soutient le projet Pimiento

La Fondation Inria et le Fonds de dotation MSD Avenir du laboratoire pharmaceutique MSD France annoncent la signature d’un partenariat permettant de soutenir à hauteur de 900 000 € répartis sur quatre ans un projet de recherche très prometteur dans le domaine du cancer du poumon non à petites cellules.

11 décembre 2018 / mis à jour le 18 mars 2023

Un cancer très fréquent, une diversité de traitements

Deuxième cancer le plus fréquent chez l’homme, troisième chez la femme, le cancer du poumon est la première cause de décès par cancer chez l’homme, la deuxième chez la femme. Sa fréquence est en augmentation.

À côté des cancers bronchiques à petites cellules (CPC), étroitement liés à la consommation tabagique, les cancers bronchiques non à petites cellules (CBNPC) représentent plus de 80 % des cancers du poumon. En France, 40 000 nouveaux cas de cette forme de cancer du poumon sont constatés chaque année.

Les traitements existants pour cette deuxième famille de cancers du poumon représentent un progrès thérapeutique indéniable. Ils rendent également l’arbre de décision de plus en plus complexe pour les professionnels de santé. Les nouveaux traitements agissent par ailleurs en induisant des changements dans le métabolisme de la tumeur ou dans le micro-environnement.

De nouveaux critères tenant compte de l’hétérogénéité des tumeurs doivent donc être élaborés, pour permettre une évaluation plus précoce de la réponse à ces nouveaux traitements.

Les mathématiques au service de la prévention des cancers

Le défi lancé par le projet Pimiento, mené par l’équipe-projet MONC (Modélisation en ONCologie) et son responsable Olivier Saut, est d’améliorer, grâce à des outils d’aide à la décision, l’évaluation du résultat clinique et du risque d’échec pour chaque classe de traitement (radiothérapie, chimiothérapie, thérapies ciblées, immunothérapie ou chirurgie). En contribuant ainsi à une meilleure prise en charge et une plus grande qualité de vie des patients.

L’équipe MONC développe depuis plusieurs années des modèles mathématiques décrivant la croissance du cancer et l’effet des traitements en exploitant toutes les informations disponibles : imagerie, informations génomiques, données cliniques… Au final, l’objectif est d’évaluer précocement l’efficacité d’un traitement afin que le médecin puisse savoir, très vite après le début du traitement, si celui-ci va marcher ou pas et qu’il adapte sa stratégie thérapeutique en connaissance de cause.

Le projet Pimiento s’appuiera sur plusieurs outils de pointe développés au sein de l’équipe pour :

  • la résolution et simulation de modèles mathématiques du cancer et de son traitement ;
  • le traitement d’images médicales (segmentation, enregistrement et calcul des caractéristiques radiomiques) ;
  • l’assimilation de données cliniques pour personnaliser les modèles ;
  • l’apprentissage statistique (machine et profond).

L’équipe MONC travaille étroitement avec les médecins et leurs patients, avec la société Sophia Genetics, une société spécialisée dans le domaine de la génomique clinique et de l’imagerie s’appuyant sur l’intelligence artificielle, et les hôpitaux, par exemple l’Institut Bergonié, à Bordeaux, l’hôpital Tenon (AP-HP) et le centre Léon Bérard à Lyon.

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