Blockchain : une technologie en voie de verdissement ?

ID (L’info durable), média d’information dédié au développement durable, vient de consacrer un article à la blockchain, dans lequel Serge Abitboul, directeur de recherche chez Inria et membre du conseil d’administration de la Fondation Inria, alerte sur le « gaspillage » sans justification induit par les protocoles actuels.

21 mars 2023 / mis à jour le 28 avril 2023

64 millions de tonnes de CO2. C’est ce que rejetterait chaque année, selon l’Université de Cambridge, la plus connue des monnaies virtuelles, le Bitcoin, soit une empreinte carbone similaire à celle d’un pays tel que le Belarus. Loin d’être « virtuel », l’impact environnemental des cryptomonnaies est bien réel, en partie parce qu’il repose sur la blockchain.

Née en 2008, cette technologie révolutionne la finance car elle permet de stocker et de transmettre des informations sans organe central de contrôle, assurant de ce fait de hauts standards de transparence et de sécurité. Pour cela, elle repose sur un réseau d’utilisateurs qui vérifient la validité des transactions. Cette activité de « minage » nécessite des super-ordinateurs, qui consomment énormément d’électricité.

Pourtant, selon Serge Abiteboul, des alternatives existent, qui permettraient de limiter l’impact écologique négatif de la blockchain. Un virage nécessaire et même impérieux pour cette technologie dont les promesses pourraient s’étendre à d’autres utilisations que les cryptomonnaies.

Horizons numériques : rencontre avec Fiona Joseph, coordinatrice-tutrice du Campus connecté Sud Gironde

Ouvrir les « horizons numériques » de nombreux jeunes et moins jeunes, partout en France, telle est l’ambition de la Fondation Inria et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche dans le cadre de leur initiative commune Horizons numériques. Lancée en mars 2022 et adossée au programme « Campus connectés », celle-ci a pour ambition d’offrir, grâce au numérique, de nouvelles perspectives, tant professionnelles que personnelles, aux publics touchés par les fractures territoriales. Rencontre avec Fiona Joseph, coordinatrice-tutrice du Campus connecté Sud Gironde à Saint-Macaire, pour une plongée dans le quotidien du dispositif.

6 octobre 2022 / mis à jour le 4 mai 2023

En tant que coordinatrice-tutrice du Campus connecté Sud Gironde à Saint-Macaire, quelles sont vos activités au quotidien ?

Ma mission consiste à assurer le suivi individuel et collectif des étudiants du campus connecté ainsi qu’à animer et coordonner le dispositif qui est porté par le Pôle Territorial du Sud Gironde, un syndicat mixte auquel adhèrent plusieurs communautés de communes du Sud Gironde.

Au quotidien, mes activités se regroupent en trois catégories. D’une part, les activités portant sur l’accompagnement individuel des étudiants : au cours de mes entretiens individuels avec eux, je leur apporte des conseils d’ordre méthodologique, organisationnel ou encore motivationnel qui concernent aussi bien leur progression pédagogique que leurs démarches d’orientation et d’insertion professionnelle. Je peux aussi me mettre en relation avec leur établissement d’enseignement supérieur pour faciliter des démarches administratives ou le suivi pédagogique. Je peux enfin leur proposer des mises en relation avec des acteurs de l’orientation ou de l’insertion professionnelle actifs en Sud Gironde.

D’autre part, les activités portant sur l’accompagnement collectif et l’animation de la vie étudiante : il s’agit là à la fois de créer et d’entretenir une dynamique de groupe qui soit cohésive, positive et stimulante ; par ailleurs de proposer des ateliers hebdomadaires répondant à des enjeux variés (bien-être, enrichissement culturel, échanges autour d’enjeux sociétaux, développement de compétences transversales, préparation à l’insertion professionnelle, etc.).

Et enfin, les activités de coordination du dispositif qui concernent pour l’essentiel la promotion de celui-ci sur le territoire Sud Gironde et le développement de relations partenariales en lien avec l’animation du campus connecté et le développement de l’offre de formations sur le territoire.

Quels impacts attendre, à terme, des Campus connectés sur votre territoire ?

Le dispositif Campus connectés a pour raison d’être de faciliter l’accès à l’enseignement supérieur ou la formation professionnelle en Sud Gironde, lesquels constituent un tremplin vers l’activité professionnelle – qu’il s’agisse d’une première expérience ou plutôt d’une évolution ou reconversion. Il répond à un besoin du territoire dans la mesure où l’offre de formation de niveau postbac en présentiel est limitée. Par son fonctionnement souple, il répond également aux attentes des étudiants qui, pour la grande majorité d’entre eux, ont un engagement professionnel en dehors de leur formation.

Toutefois, la formation à distance, quelle qu’elle soit, est exigeante et requiert discipline, régularité et persévérance. À travers l’accompagnement individuel et la dynamique de groupe, les étudiants inscrits au campus connecté augmentent leurs chances de valider leur formation. En venant au campus connecté, ils disposent également d’un lieu, d’un équipement bureautique et d’une connexion Internet indispensables à leur progression et à leur réussite. 

Le territoire Sud Gironde envisage de faire évoluer le campus connecté aujourd’hui tout entier situé à Saint-Macaire en un réseau de trois sites répartis sur le territoire. Quels seraient les avantages d’un tel maillage géographique ?

Le dispositif Campus connectés propose un accès à l’enseignement supérieur ou à la formation professionnelle à proximité de chez soi. Le Sud Gironde regroupe plusieurs communautés de communes, il s’agit d’un territoire important en superficie. Certains étudiants ont un temps de transport relativement long pour se rendre dans les locaux du campus connecté ; d’autres peuvent rencontrer des difficultés à se déplacer s’ils ne sont pas véhiculés. Déployer le campus sur plusieurs sites en Sud Gironde permettrait de le rapprocher davantage des résidents et donc de faciliter encore plus l’accès à la formation. Cela permettrait également de renforcer la visibilité et la dynamique du dispositif et enfin d’accentuer son ancrage territorial en envisageant davantage de liens avec le tissu économique local.

Qu’est-ce qui vous a fait vous intéresser au projet Horizons numériques et vous inscrire au groupe de travail mis en place dans le cadre de ce projet ?

J’ai perçu une adéquation forte entre l’initiative Horizons numériques et la finalité du campus connecté Sud Gironde : ouvrir de nouveaux horizons aux résidents du territoire. En apportant à l’équipe de la Fondation Inria un éclairage sur les profils de nos étudiants, j’ai vu une opportunité d’encourager le développement de l’offre de formations dans les domaines du numérique, via des micro-certifications par exemple, et de participer à une réflexion concernant la création de ponts entre formation et emploi autour du numérique. Participer au groupe de travail m’a incitée en effet à mieux comprendre les besoins en compétences numériques des acteurs économiques du territoire et ainsi appréhender autrement la plus-value que représente le déploiement du campus connecté en Sud Gironde.

Propos recueillis par Fernanda Arias Gogin

Crédits photo : Fiona Joseph © GAUTIER DUFAU

D'autres réseaux sociaux sont possibles

12 septembre 2022 / mis à jour le 18 mars 2023

Les réseaux sociaux font partie intégrante de notre quotidien

Véritable pharmakon moderne, les réseaux sociaux font ressortir le meilleur comme le pire de notre société. Gestion douteuse des données privées, incitation à la surconsommation, fake news… sont autant de raisons de vouloir s’émanciper de ces interfaces numériques. Ils sont pourtant des lieux d’information sans intermédiaire et restent les supports principaux des luttes contre les dictatures et les envahisseurs. Plutôt que de les éradiquer ou les abandonner, ne devrions-nous donc pas essayer de les réinventer ? C’est le parti pris que Serge Abiteboul, directeur de recherche chez Inria et membre du conseil d’administration de la Fondation Inria, et Jean Cattan, spécialiste du droit de la régulation et du numérique, défendent dans leur livre Nous sommes les réseaux sociaux paru en 2022 aux éditions Odile Jacob.

Crédits photo : Pixabay

Le Français qui a vu naître Google

23 juillet 2022 / mis à jour le 18 mars 2023

Stanford, 1995. Larry Page et Sergueï Brin, alors étudiants, travaillent sur un nouveau modèle de moteur de recherche pour le tout nouveau Web, donnant naissance à ce qui deviendra très vite Google. Alors professeur au sein de la prestigieuse université californienne, Serge Abiteboul, directeur de recherche chez Inria et membre du conseil d’administration de la Fondation Inria, revient sur la genèse du géant du web qu’il a pu observer aux premières loges au micro de Xavier de La Porte sur France Inter dans l’émission « Le code a changé ».

Crédits photo : Pexels

Favoriser l’accès aux formations au numérique : la Fondation Inria et le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation lancent l’initiative « Horizons numériques »

La Fondation Inria et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR) lancent l’initiative « Horizons numériques ». Son objectif : favoriser l’accès aux formations au numérique proposées par l’enseignement supérieur pour les étudiants éloignés des grands centres urbains. Inscrite dans le programme « Campus connectés », l’initiative « Horizons numériques » vise à en amplifier l’impact en sensibilisant les populations hésitant à reprendre des études, particulièrement dans des filières qui leur semblent inaccessibles, aux opportunités offertes par les formations au numérique.

16 mars 2022 / mis à jour le 18 mars 2023

Les « Campus connectés », un nouveau dispositif de formation à distance

Les « Campus connectés », programme d’envergure nationale lancé par le MESR en 2019, sont des tiers-lieux de l’enseignement supérieur portés par des collectivités locales. Innovants et collaboratifs, complémentaires des établissements universitaires, ils sont destinés à rapprocher l’enseignement supérieur de tous les territoires, en particulier ruraux.

À ce jour, 89 campus sont labellisés sur l’ensemble du territoire métropolitain et ultramarin français, proposant de véritables nouveaux lieux de lien social. Ouverts à tous ceux, jeunes et moins jeunes, qui souhaitent s’engager ou se réengager dans des études, ils offrent la possibilité de suivre une formation du supérieur à distance, dans des conditions favorisant la réussite.

Ouvrir les « horizons numériques », personnels et professionnels, des populations éloignées des centres urbains

Dans un contexte de transformation rapide de nos sociétés, les enjeux de la formation au numérique pour tous, tout au long de la vie, prennent une acuité toute particulière. Aucun secteur d’activité, aucun métier n’échappe à cette mutation de grande ampleur, nécessitant des compétences numériques avancées, de pointe, particulièrement recherchées aujourd’hui. Au-delà des enjeux de recrutement sur des métiers en tension requérant des profils de plus en plus qualifiés, la transformation de la société appelle, pour toutes et tous, des compétences génériques nécessaires dans la vie de tous les jours et pour de très nombreux emplois.

Face à ces enjeux, l’initiative « Horizons numériques » a pour ambition d’ouvrir le champ des possibles, personnels et professionnels, pour tous les jeunes et moins jeunes, postbac ou en reprise d’études, issus des territoires et lieux subissant tout particulièrement l’éloignement géographique et la fracture numérique. Elle s’appuie pour cela sur le dispositif et les outils déjà mis en place dans le cadre des campus connectés et souhaite associer à sa démarche l’ensemble des acteurs et partenaires locaux mobilisés dans cette dynamique (universités, collectivités locales, entreprises…).

« Horizons numériques », des réponses concrètes aux fractures territoriale et numérique

Avec « Horizons numériques », la Fondation Inria et le MESR ambitionnent de :

Sensibiliser

les jeunes et tous les apprenants potentiels des territoires concernés, en particulier les femmes, à la diversité de parcours professionnels qu’ouvre une formation au numérique.

Attirer

davantage de personnes, en particulier les femmes, vers une reprise d’études universitaires dans le large éventail d’alternatives qu’offre le domaine du numérique.

Conseiller et orienter

différents publics vers des formations supérieures en sciences et technologies du numérique, ou vers des formations au numérique dans d’autres contextes disciplinaires.

Motiver

les étudiantes et étudiants des campus connectés inscrits dans des filières numériques à travers des conseils et du soutien de scientifiques.

Développer

l’offre des formations, diplômes et/ou certifications à distance dans les domaines du numérique.

Soutenir

par des bourses et un suivi personnalisé celles et ceux qui, au-delà de leur cursus en campus connectés, se destineraient à un parcours universitaire dans les métiers du numérique.

Créer des ponts

entre formation et emploi autour du numérique en travaillant de manière collaborative en direction des entreprises des territoires, les collectivités et les acteurs concernés.

Crédits photo : Pixels / Kampus Production

Bruno Sportisse : « Il n'y aura pas de souveraineté numérique européenne sans maîtrise du logiciel » 

21 février 2022 / mis à jour le 23 janvier 2023

Bras armé de la souveraineté numérique française, notamment face à l’hégémonie contemporaine des Gafam, Inria s’impose depuis sa création en 1967 comme un acteur incontournable de la recherche et de l’innovation en France. Soutien aux politiques publiques, mise en place de partenariats industriels forts avec le secteur privé, accompagnement à l’innovation de rupture à travers la création de startups issues de la recherche… depuis son arrivée en 2018, Bruno Sportisse, PDG d’Inria et président de sa fondation, redynamise le positionnement de l’institut en renouant avec ses missions historiques : favoriser l’innovation technologique en accompagnant la recherche en sciences du numérique pour créer les standards numériques de demain. Une ambition qu’il expose dans cette interview parue dans La Tribune.

Crédits photo : Thomas Bour

Souveraineté numérique : « Nous devons prendre la maîtrise des technologies logicielles critiques »

6 février 2022 / mis à jour le 23 janvier 2023

Passer d’une logique de guichet à une logique d’écosystème liant universités, entreprises, startups et financeurs ? C’est, selon Bruno Sportisse, PDG d’Inria et président de la Fondation Inria, le meilleur levier d’action pour soutenir l’innovation et permettre à l’Europe de préserver et consolider sa souveraineté numérique, défi majeur de notre siècle, en particulier face à l’hégémonie des géants américains du secteur. Il nous en parle dans cette interview accordée à L’Opinion à l’occasion d’une conférence sur la souveraineté numérique de l’Europe donnée à Bercy les 7 et 8 février 2022.

Crédits photo : Inria / Photo M. Magnin

4 questions à Nelly Haudegand, nouvelle directrice générale de la Fondation Inria

Le 3 janvier 2022, Nelly Haudegand a succédé à Jean-Baptiste Hennequin au poste de directrice générale de la Fondation Inria. L’occasion d’échanger avec elle sur son parcours et sa vision pour le développement de la fondation.

10 janvier 2022 / mis à jour le 18 mars 2023

Vous êtes désormais directrice générale de la Fondation Inria. Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

J’exerce depuis une quinzaine d’années des fonctions de directrice de la communication. D’abord à l’Ifop, puis à l’Union sociale pour l’habitat et enfin à l’Assurance Maladie où j’ai dirigé pendant huit ans la communication interne aussi bien qu’externe avec un large spectre d’intervention… Avant de basculer dans la communication, le premier tiers de ma carrière a été consacré aux études et au conseil en stratégie.

Ces vingt années m’ont permis de développer une double culture business/intérêt général et de travailler dans des environnements très différents. Ainsi, j’ai pivoté plusieurs fois : du privé vers le public, du conseil vers l’annonceur, de la TPE à des organisations complexes/matricielles de plus de 80 000 collaborateurs, d’une communication BtoB à une communication BtoBtoC. Pendant toutes ces années, ce qui m’a animée, c’est d’apporter aux organisations et à leurs dirigeants une compréhension fine de leurs enjeux, de les traduire en un récit de marque et de mobiliser les parties prenantes pour accompagner les transformations nécessaires.

Pourquoi avoir choisi de rejoindre la Fondation Inria ?

Amenée par mes fonctions à affronter la crise sanitaire de l’intérieur, j’ai été profondément marquée par l’importance et même le caractère décisif du partenariat public/privé dans la résolution de problématiques sensibles voire cruciales comme, par exemple, la vaccination anti-Covid. Face à la multiplication de grands risques en tous genres, sanitaires, environnementaux, géopolitiques, technologiques… je suis convaincue que les entreprises, aux côtés des pouvoirs publics, peuvent et doivent jouer un rôle moteur dans la transformation de la société et que ce mouvement est appelé à s’intensifier dans un contexte notamment marqué par la Loi Pacte. En d’autres termes, je crois qu’il n’y aura plus de business possible sans engagements responsables et durables.

C’est pourquoi j’ai voulu mettre mes compétences au service d’une fondation soucieuse de développer ces ponts avec le monde de l’entreprise… Et contribuer ainsi à développer des projets d’intérêt général qui permettent d’améliorer la vie des gens grâce aux sciences et technologies du numérique.

En effet, quoi de plus engageant que le numérique qui est partout dans nos vies ? À l’Assurance Maladie, j’ai eu l’opportunité de créer la première plateforme d’entraide sur les droits et les démarches, le forum ameli, et d’accompagner toutes les innovations en matière de e-santé : applications Activ’Dos et Asthm’Activ’, téléconsultations, e-prescription, e-carte Vitale, Dossier Médical Partagé, Mon espace santé… Ce faisant, j’ai mesuré l’importance considérable et croissante que revêt le numérique en matière de santé, de prévention, de qualité de la prise en charge ou encore, d’organisation et d’efficience du système de soins. Mais les domaines applicatifs ne se limitent pas à la santé ! Intelligence artificielle frugale, agriculture de précision, préservation des données personnelles, lutte contre la désinformation, explicabilité et régulation des algorithmes, cryptologie… les quelques 220 équipes-projets d’Inria sont mobilisées sur tous ces sujets et beaucoup d’autres encore.

En bref, je suis extrêmement heureuse de pouvoir apporter ma pierre à un projet qui me semble nécessaire et même vital à un moment de l’histoire qui voit la convergence de crises multiples.

Quelles sont désormais vos missions au sein de votre nouvelle fonction ?

J’ai pour mission d’accélérer le développement de la Fondation Inria. Après ces années Covid qui ont entravé son essor, celle-ci se prépare à un nouveau départ ! Beaucoup de choses ont été faites, le positionnement est clair, mais nous avons à l’opérationnaliser, à le traduire en programmes, à préciser nos modes de fonctionnement.

L’année 2022 va être largement consacrée à structurer, appuyer et outiller la recherche de mécènes. Nous allons qualifier plus finement les « enjeux » sanitaires, environnementaux, éducatifs et éthiques auxquels nous ambitionnons de répondre en identifiant, derrière ces enjeux, les « programmes » à impact permettant de faire le pont entre les besoins de société, les préoccupations des entreprises et la recherche. Nous allons aussi nous employer à définir les modes opératoires permettant la bonne mise en œuvre de ces programmes : matrice-type d’un programme ; système de reconnaissance ; modélisation des financements et moyens humains nécessaires ; qualification des process internes… Et bien sûr, nous avons à arrêter le discours de mobilisation et les outils qui le déclinent, parmi lesquels le nouveau site web de la fondation, puisque nous allons lancer le chantier de sa refonte.

Avec le soutien de l’équipe, en lien étroit avec le président Bruno Sportisse et le conseil d’administration, avec tous nos partenaires et donateurs, c’est avec détermination et enthousiasme que je vais conduire ces travaux !

Quels sont vos objectifs pour la Fondation Inria ? Que souhaitez-vous accomplir ? 

Nous vivons actuellement une transformation numérique rapide de nos sociétés. Cela ouvre de formidables opportunités, mais soulève également de nombreuses questions éthiques. Je ne suis pas naïve, personne ne peut plus l’être aujourd’hui tant les exemples de dérives fourmillent, le numérique est un outil d’aliénation autant que d’émancipation. Je considérerai que nous aurons réussi dans notre projet si nous parvenons à l’utiliser en conscience, à escient, sans tabou ni angélisme, pour répondre efficacement aux grandes causes qui sont devant nous. L’impact, oui, cent fois oui, mais sans externalités négatives nouvelles !

Crédits photo : Nelly Haudegand

Modélisation et IA pour améliorer le suivi des cancers : MSD Avenir soutient le projet Pimiento

La Fondation Inria et le Fonds de dotation MSD Avenir du laboratoire pharmaceutique MSD France annoncent la signature d’un partenariat permettant de soutenir à hauteur de 900 000 € répartis sur quatre ans un projet de recherche très prometteur dans le domaine du cancer du poumon non à petites cellules.

11 décembre 2018 / mis à jour le 18 mars 2023

Un cancer très fréquent, une diversité de traitements

Deuxième cancer le plus fréquent chez l’homme, troisième chez la femme, le cancer du poumon est la première cause de décès par cancer chez l’homme, la deuxième chez la femme. Sa fréquence est en augmentation.

À côté des cancers bronchiques à petites cellules (CPC), étroitement liés à la consommation tabagique, les cancers bronchiques non à petites cellules (CBNPC) représentent plus de 80 % des cancers du poumon. En France, 40 000 nouveaux cas de cette forme de cancer du poumon sont constatés chaque année.

Les traitements existants pour cette deuxième famille de cancers du poumon représentent un progrès thérapeutique indéniable. Ils rendent également l’arbre de décision de plus en plus complexe pour les professionnels de santé. Les nouveaux traitements agissent par ailleurs en induisant des changements dans le métabolisme de la tumeur ou dans le micro-environnement.

De nouveaux critères tenant compte de l’hétérogénéité des tumeurs doivent donc être élaborés, pour permettre une évaluation plus précoce de la réponse à ces nouveaux traitements.

Les mathématiques au service de la prévention des cancers

Le défi lancé par le projet Pimiento, mené par l’équipe-projet MONC (Modélisation en ONCologie) et son responsable Olivier Saut, est d’améliorer, grâce à des outils d’aide à la décision, l’évaluation du résultat clinique et du risque d’échec pour chaque classe de traitement (radiothérapie, chimiothérapie, thérapies ciblées, immunothérapie ou chirurgie). En contribuant ainsi à une meilleure prise en charge et une plus grande qualité de vie des patients.

L’équipe MONC développe depuis plusieurs années des modèles mathématiques décrivant la croissance du cancer et l’effet des traitements en exploitant toutes les informations disponibles : imagerie, informations génomiques, données cliniques… Au final, l’objectif est d’évaluer précocement l’efficacité d’un traitement afin que le médecin puisse savoir, très vite après le début du traitement, si celui-ci va marcher ou pas et qu’il adapte sa stratégie thérapeutique en connaissance de cause.

Le projet Pimiento s’appuiera sur plusieurs outils de pointe développés au sein de l’équipe pour :

  • la résolution et simulation de modèles mathématiques du cancer et de son traitement ;
  • le traitement d’images médicales (segmentation, enregistrement et calcul des caractéristiques radiomiques) ;
  • l’assimilation de données cliniques pour personnaliser les modèles ;
  • l’apprentissage statistique (machine et profond).

L’équipe MONC travaille étroitement avec les médecins et leurs patients, avec la société Sophia Genetics, une société spécialisée dans le domaine de la génomique clinique et de l’imagerie s’appuyant sur l’intelligence artificielle, et les hôpitaux, par exemple l’Institut Bergonié, à Bordeaux, l’hôpital Tenon (AP-HP) et le centre Léon Bérard à Lyon.

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